50ème anniversaire du rapport Meadows sur les limites à la croissance

02 mars 2022

2 mars 2022 : La guerre est de retour sur le continent européen, déclenchée par un dictateur aux visées expansionnistes. Son régime repose depuis des années sur un système oligarchique qui capte la totalité des profits qu’il tire de l’exploitation des ressources, notamment fossiles, lesquelles sont en déclin. Il y a deux ans, le monde basculait dans une pandémie qui a mis à l’arrêt l’économie mondiale et fait 6 millions de morts. Il y a 48h le GIEC a publié un rapport qui confirme que l’humanité court à sa perte à une vitesse accélérée et qu’elle doit se préparer – avec certitude – pour les vingt prochaines années à s’adapter aux conséquences. Au-delà de ces vingt ans, tout se joue dans la capacité – ou non – des humains à réduire drastiquement et urgemment les émissions de gaz à effet de serre liés à leurs activités, afin de préserver l’habitabilité de la Terre pour leur espèce. Pour la première fois, le GIEC mentionne le mot de « décroissance », intentionnelle et volontaire, dans son rapport.

Le 2 mars 1972 : Dennis Meadows, scientifique au MIT, co-auteur du rapport Les limites à la croissance[1]tient le discours suivant : « Nous sommes arrivés à cinq conclusions fondamentales. Aux vues des tendances actuelles, les limites physiques à la croissance seront atteintes au cours de la vie de nos enfants. Si nous ignorons cette limite, et que nous continuons une croissance fondée sur des politiques à court terme, nous atteindrons un point de non-retour qui conduira à un effondrement. Mais, il existe une alternative viable à ce scénario. Si la croissance démographique et la production de marchandises entrent en équilibre avec nos ressources limitées. Et cet équilibre peut être atteint dans les 50 ou 100 ans à venir si nous procédons de manière méthodique. Autre point très important, chaque année perdue dans la mise en œuvre d’une nouvelle politique rendra la transition nécessaire beaucoup plus difficile et diminuera nos chances de la réaliser. »

Voilà pourquoi Génération Écologie estime légitime, 50 ans après, de rendre hommage au rapport Meadows et aux travaux du Club de Rome. L’urgence climatique, le dépassement de cinq des neuf limites planétaires, les effondrements en cours et particulièrement celui de la biodiversité, l’explosion des inégalités, le nouvel ordre mondial que veut imposer l’alliance des régimes autoritaires Destructeurs, constituent hélas une épreuve de vérification pour les modèles scientifiques des scénarios « business as usual » du rapport Meadows établis alors. La vie des enfants qu’évoquait Dennis Meadows dans son discours du 2 mars 1972 est notre vie. Courir après une croissance infinie, dans un monde limité physiquement, est une voie sans issue qui mène au crash. La stabilité du monde, la paix et la sécurité, la démocratie et les libertés, dépendent désormais de la capacité de notre espèce à organiser en bon ordre le retour au respect des limites planétaires, autrement dit la décroissance.

Ce n’était pas visionnaire que de mentionner que « chaque année perdue dans la mise en œuvre d’une nouvelle politique rendra la transition nécessaire beaucoup plus difficile et diminuera nos chances de la réaliser ». L’humanité a perdu 50 ans. Et on continue à perdre du temps à toutes les échelles, internationale, européenne, et française.

Tic-tac, l’horloge continue de tourner. La maison brule, et il n’y a plus une minute à perdre pour construire autour du mot d’ordre politique de la décroissance une alternative démocratique qui est la seule voie d’avenir pour reprendre en main notre destin.

Marjan Henrikowicz


À l’occasion des 50 ans de la présentation du rapport Meadows, le Club de Rome a mis à jour sur de nombreuses ressources en ligne : « The Limits to Growth+50 »
Une série de webinaires est aussi programmée :
– Mercredi 2 mars à 15h avec Dennis Meadows (inscription)
– Mercredi 9 mars avec Jorgen Randers
Enfin, un événement au MIT se tiendra le 27 mai 2022.


[1] The limits to growth, 1972, Dennis Meadows, Donella Meadows et Jorgen Randers