NON ça veut toujours dire NON : Pas de re-re-re-prolongation pour les néonicotinoïdes !

16 janvier 2023

Dès 2016, Delphine Batho avait fait voter l’interdiction des néonicotinoïdes dans la loi pour la reconquête de la biodiversité. Cette interdiction est également prévue dans le droit européen à compter de 2018. En France, ces produits pourraient faire l’objet d’une troisième prolongation prétexte à une surprenante consultation organisée en ce début d’année sous l’égide du ministère de l’Agriculture.

La consultation des citoyennes et des citoyens, bien que bénéfique au fonctionnement démocratique de notre pays quand elle est prise en compte, est-elle encore nécessaire lorsque plus de 2000[1] études scientifiques sont là pour démontrer encore et encore la dangerosité de ces produits et leurs effets à très long terme (plus de 20 ans) ? 

·     Les Néonicotinoïdes ? Des pesticides qui perturbent les échanges entre les neurones de toutes les espèces vivantes, des plus petites aux plus grandes. Et les humains n’y échappent pas. Ces pesticides ou leur métabolites[2] sont répandus dans la nature dans l’idée sciemment mensongère qu’ils ne feraient « que » tuer que les insectes.

·     L’enjeu majeur ? L’avenir de la biodiversité, des insectes, des abeilles, des oiseaux, de toute la vie des sols, et par ruissellement des eaux, de la vie aquatique. En effet, ces 20 années passées ont permis d’établir que les néonicotinoïdes constituent un risque très grave pour toutes les espèces vivantes. Un fait démontré par les publications scientifiques indépendantes. 

·     Des alternatives à ces poisons ? Il existe plus de 20 solutions alternatives à l’usage de ces pesticides, dont plusieurs immédiatement accessibles[3] et cela de l’aveu même de ceux qui, comme l’Anses[4], ont couvert et organisé si longtemps l’utilisation irresponsable de ces poisons. 

Les seuls vrais gagnants de la ré-autorisation de ces pesticides ? Pas les agriculteurs non, mais les firmes de l’agrochimie qui vendent ces poisons. Ils devraient fabriquer les médicaments qui nous manquent en France plutôt que des pesticides destructeurs ! Puisque ce sont les mêmes énormes firmes qui fabriquent pesticides et médicaments. Voilà un sujet de vraie concertation !

Pour Génération Écologie, interdire cette utilisation irresponsable et inutile des néonicotinoïdes est urgent. D’autant que cette utilisation est faite « en préventif » sans même savoir si le besoin est réel. Et que l’on ne vienne pas nous raconter qu’il s’agit de sécurité alimentaire, car le sucre de betterave est pour l’essentiel destiné à l’exportation et non à nourrir la population. Dans les échanges internationaux, la France exporte 4 à 5 fois plus de sucres qu’elle n’en importe[5]. Par ailleurs, la destruction des populations d’insectes a des impacts directs sur nos capacités de production alimentaire : selon une étude récente[6], la disparition des pollinisateurs à l’échelle mondiale est déjà à l’origine d’environ 500 000 décès précoces par an en réduisant l’offre d’aliments sains. 

Notre opposition à l’utilisation telle qu’elle est faite de ces pesticides n’est plus à rappeler. Après des années et des années de combats, de contributions ignorées, nous appelons au boycott de cette supposée concertation.

Boycott, car avons connu les trahisons répétées qui ont suivies les précédentes discussions ou concertations dans le domaine de l’écologie (cf Convention citoyenne sur le climat).

Boycott, car cette mascarade, organisée par le ministère de l’agriculture intervient après que moult décisions de prolongation de l’utilisation des pesticides aient été prises depuis des années, sans concertation aucune.

Boycott, car soyons en certain, comme au ministère organisant cette consultation, l’agrochimie, ses servants, ses lobbies seront présents en force avec des moyens démesurés face à ceux des citoyennes et citoyens.

Boycott car le ministère foule au pied 25 ans de connaissances scientifiques et montre son mépris total des institutions. En effet, nous disposons d’une agence de sécurité, l’Anses, parfaitement informée sur la toxicité des néonicotinoïdes. Cette agence supposément chargée de la sécurité environnementale et sanitaire, devrait être la référence pour nos décideurs. Étrange agence qui tait largement son opinion, et dont l’assourdissant silence jusqu’à ce jour face à une telle manœuvre paraît bien suspecte.

Boycott enfin, car il n’est plus l’heure de concertations factices et de palabres ! Vraiment, juste après les discours de la COP15, pleurant sur la perte effrayante de la biodiversité[7], cette pseudo consultation apparaît comme une sinistre plaisanterie, loin de l’urgence absolue dans laquelle nous nous trouvons, une plaisanterie qui dans le futur nous rappellera le récent « Qui aurait pu prédire la crise climatique ? » de notre président… 

Pour exiger l’interdiction définitive des néonicotinoïdes et de l’usage actuel des autres pesticides toxiques (glyphosate, SDHI, etc), rejoignez-nous, rejoignez Génération Écologie !

Pierre Rustin, Hélène Richet, Vincent Defaud


[1] À ce jour, 2080 références concernent le sujet dans la base internationale de données scientifiques PubMed

[2] Produits dans les organismes vivant à partir des substances mères ingérées, ici les néonicotinoïdes

[3] https://www.anses.fr/fr/content/des-solutions-alternatives-aux-néonicotinoïdes-pour-lutter-contre-la-jaunisse-dans-les   et  https://www.anses.fr/fr/content/des-solutions-alternatives-aux-n%C3%A9onicotino%C3%AFdes-pour-lutter-contre-la-jaunisse-dans-les

[4] Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

[5]https://www.franceagrimer.fr/content/download/66963/document/20210625-COMPETITIVITE_CAHIER_SUCRE.pdf

[6] https://ehp.niehs.nih.gov/doi/full/10.1289/EHP10947

[7] Rappelée en illustration de cet article par les « biodiversity tripes » (empruntées à https://www.biodiversitystripes.info) : Inspirées des « warming stripes » de Ed Hawkins (rayures du réchauffement climatique), Miles Richardson s’est basé sur l’index Planète vivante, qui recense plus de 20 000 populations de 4 000 espèces sur la planète pour développer les « rayures de la biodiversité ». Allant du vert au gris, elles illustrent la perte de biodiversité terrestre.