28 janvier 2025
Les néonicotinoïdes, comme l’acétamipride, sont interdits en France depuis 2018 suite à l’entrée en vigueur de la loi pour la reconquête de la biodiversité du 8 août 2016 qui a entériné l’interdiction de l’utilisation de ces pesticides, parfois joliment dénommés phytosanitaires.
Les néonicotinoïdes ont des effets neurotoxiques par inhibition des récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine, d’où leur nom. Ces récepteurs jouent un rôle majeur dans le fonctionnement du système nerveux de nombreuses espèces, y compris les humains. Leur inhibition peut provoquer à court terme chez certains organismes la paralysie ou la mort. À des doses infimes, ils perturbent le sens de l’orientation, la mémoire et la capacité de reproduction des insectes, et se révèlent fatals.
L’acétamipride, proposé à la ré-autorisation, est en outre connu pour ses effets pro-oxydants potentiellement cancérigènes. Mais également sa forte persistance dans l’environnement. Ce pesticide peut s’accumuler dans le sol depuis 30 jusqu’à 1 000 jours, en fonction du type de substrat. Cette molécule, hautement toxique, au même titre que nombre des métabolites provenant de sa dégradation, présente par ailleurs une forte persistance dans les milieux aquatiques. Dans les sols, elle est particulièrement toxique pour les vers de terre, un des éléments déterminant de la fertilité de la terre : sans vers de terre, c’est bien l’activité agricole qui risque de pâtir à moyen terme.
Années après années, le parlement français se voit proposer des dérogations à la loi de 2018 visant à permettre encore et encore l’usage des néonicotinoïdes, heureusement bloquées par la justice européenne en 2023.
C’est un non-sens lorsque l’on sait que des alternatives existent !
L’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a développé des techniques innovantes pour remplacer ces produits.
Selon Christian Huyghe, chercheur de l’INRAE, « il a été démontré que c’est une classe de produits phytosanitaires très problématiques par leur impact, et qui en plus ont de très longs taux de résidence dans le milieu. Autoriser à nouveau les néonicotinoïdes reviendrait à ne jamais considérer la science. C’est le rôle des politiques de faire des arbitrages, mais ils ne peuvent pas prendre une décision qui ignore complètement ce que dit la science ».
Comme tous les néonicotinoïdes, l’acétamipride n’a pas sa place dans l’agriculture française !
La lutte contre les néonicotinoïdes s’inscrit plus largement dans toutes les batailles pour la protection du vivant et de la biodiversité. Les enjeux environnementaux actuels, tels que le changement climatique, l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs et la dégradation des écosystèmes, exigent un changement réel des modèles agricoles pour enfin respecter la nature et la santé humaine.
Nous devons dire NON ! Ces substances représentent une trop grande menace pour la biodiversité, les pollinisateurs et la santé humaine.
Suite au vote favorable du Sénat pour la réintroduction dérogatoire de l’acétamipride comme pesticide ce lundi 27 janvier 2025, Génération Écologie demande que ce texte soit bloqué dans la suite de la procédure parlementaire. Ce texte ne doit pas être inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.
Pierre RUSTIN