Chronique ordinaire du chaos climatique

14 septembre 2024

Entre la dissolution de l’Assemblée nationale et les élections législatives, la “trêve olympique”, les vacances, la rentrée, la nomination du Premier ministre… il semblerait qu’il y ait toujours une bonne raison pour que le chaos climatique ne soit pas au centre du débat politique. Comme si les catastrophes qui s’accumulent faisaient désormais partie de l’ordinaire, de la normalité. Nous refusons la résignation qui s’installe.

Ces derniers jours dans les Pyrénées des pluies torrentielles ont provoqué des éboulements, des crues, un effondrement de la route nationale qui relie la France à l’Espagne. Des maisons et des voitures ont été noyées sous les gravats. Certes, aucune perte humaine n’est à déplorer, mais il faudra des semaines, des mois peut-être, pour retrouver un semblant de normalité dans ces villages de la Vallée d’Aspe. Fin juin, c’est le village de la Bérard, au coeur du parc national des Écrins, qui avait été enseveli sous une crue hors norme. Sous nos yeux, les montagnes subissent des cataclysmes. Le changement climatique les frappe durement : la température moyenne a augmenté de +2° C dans les Alpes et les Pyrénées depuis l’ère préindustrielle contre +1,4°C dans le reste du pays.

Été 2024 : les faits, rien que les faits…

La chronique ordinaire du chaos climatique de l’été 2024 donnés : Selon l’agence américaine NOAA, le mois de juillet 2024 a été le mois le plus chaud jamais enregistré. Le mois d’août 2024 est le treizième mois à dépasser de 1,5° C les moyennes de l’ère préindustrielle. Autrement dit, l’accord de Paris n’a plus aucune chance d’être respecté. 

En juillet et en août, des incendies ont ravagé plusieurs millions d’hectares de forêt en Russie, au Canada, et en Californie. Au Brésil, des incendies gigantesques ont lieu en ce moment même, recouvrant de leurs fumées 60% du territoire Brésilien. L’Australie a vécu un hiver caniculaire avec des températures qui ont dépassé les 41° C. Le Japon a connu son été le plus chaud depuis 1898. En Italie, 14 villes ont été placées en “alerte rouge” en raison de la chaleur et de l’humidité. La Grèce a été ravagée par un incendie spectaculaire aux portes d’Athènes. Des villes entières ont dû être évacuées. 70% de la France a connu au moins une nuit tropicale. La Méditerranée a atteint une température de surface médiane de 28,9° C. Quant à l’Antarctique, des anomalies de températures allant jusqu’à +28° C ont été mesurées…

La chaleur tue

En Arabie Saoudite, à la Mecque lors du pèlerinage, 1300 personnes ont péri alors que la température avait atteint 52° C.

En Inde et au Pakistan, des milliers de personnes sont mortes de chaleur, illustrant les dangers mortels de la chaleur humide. En effet, lorsque la température extérieure atteint ou dépasse 30° C, notre corps maintient sa température constante par l’évaporation de la transpiration. Or quand l’humidité ambiante augmente, l’évaporation ne s’effectue plus et on meurt. Les déluges d’eau pendant la mousson ont également tué dans ces deux pays ainsi qu’au Népal.

L’impact sur les récoltes et la sécurité alimentaire

Les récoltes ont pâti du dérèglement climatique partout : entre typhons et forte chaleur pendant la période de maturation estivale, le Japon est confronté à une pénurie de riz. En Afrique, avec la combinaison de la sécheresse et de la pénurie d’eau, les experts craignent une augmentation des famines. En France, la récolte de blé est annoncée comme « la pire en 40 ans » avec une baisse de 13% de rendement par rapport à l’année dernière, et de nombreuses autres productions sont aussi affectées (viticulture, arboriculture etc), ce qui ne va pas arranger la situation des agricultrices et agriculteurs

Malgré l’enjeu central que représente la lutte contre le réchauffement climatique, on ne peut être que frappés par une forme de résignation à ce que les événements climatiques extrêmes fassent désormais partie de l’ordinaire des informations, sans plus jamais être directement au centre du débat et de l’interpellation politique. Cette occultation est aussi liée à la faiblesse de l’écologie politique qui ne parvient toujours pas à imposer le climat au coeur de l’agenda politique. La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation et la résilience sont plus que jamais des enjeux de sécurité mondiale et nationale.

Génération Écologie refuse de se résigner. Il est urgent de remettre ces enjeux vitaux au premier plan. Si les écologistes ne le font pas, qui le fera ?

Pour agir et faire entendre votre voix, rejoignez Génération Écologie  : https://generationecologie.fr/adhesion/

Sébastien Piétrasanta et Cécile Faure