Zéro pesticide : une nécessité urgente pour l’avenir de l’agriculture et du vivant !

22 mars 2025

Le 20 mars, débute la semaine des alternatives aux pesticides, jusqu’au 30 mars. Génération Écologie appelle à rejoindre les actions qui auront lieu partout en France. Vous pouvez retrouver toutes les mobilisations prévues sur Semaine-sans-pesticides.fr.
À cette occasion, nous revenons sur les constats faits par les scientifiques sur les impacts des pesticides, ainsi que sur les moyens d’en finir avec ces poisons.

Pesticides : une catastrophe pour la biodiversité 

GlyphosatenéonicotinoïdesSDHIchlordécone, S-métolachlore… sont tous des pesticides bien connus du grand public pour leurs capacités à détruire la biodiversité, mais aussi la santé humaine. Ceux qu’on appelle parfois joliment des « phytosanitaires » sont vendus en particulier en agriculture pour lutter contre des nuisibles, des parasites, des champignons, des adventices… En réalité, ce sont de véritables destructeurs de la biodiversité que l’on utilise chaque jour sur des productions agricoles destinées à l’alimentation humaine. En réalité, leurs effets sont loin d’être ciblés. Ils tuent tout ce qui se trouve sur leur passage :  abeilles, bourdons, lombrics…. Autant d’espèces particulièrement utiles en agriculture. Sans même parler des coquelicots ! 

Selon l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) : 

– 40 % des populations d’insectes sont en déclin au niveau mondial. Depuis 30 ans, la masse des insectes diminue sur Terre de 2,5 % chaque année, alors qu’au moins 75 % des cultures alimentaires en Europe dépendent des insectes pollinisateurs. Les pare-brises de nos voitures restent propres après avoir traversé la France…

– 68 % des populations de vertébrés (mammifères, poissons, oiseaux, reptiles et amphibiens) ont disparu entre 1970 et 2016, soit en moins de 50 ans. Quand avez-vous vu un dernier hérisson ? 

– 41 % des populations d’amphibiens risquent de disparaître à brève échéance de la surface de la Terre : nos mares se vident de leurs grenouilles et autres salamandres !

Ces chiffres sont corrélés à l’usage, qui ne diminue toujours pas, de produits pesticides néfastes en agriculture, mais aussi dans les industries qui polluent toujours plus, rejetant des déchets toxiques pour l’ensemble de la biodiversité. 

Les agricultrices, agriculteurs et leur famille sont les premières victimes

Les agricultrices et agriculteurs sont parmi les premiers exposés aux substances pesticides, lors des épandages, de la taille ou des récoltes : leur exposition à ces poisons est souvent directe.

Risques accrus de cancers, neurotoxicité, perturbation des fonctions endocriniennes, toxicité sur la thyroïde, effets délétères sur les yeux, atteintes rénales à des degrés variables, effets délétères pour la reproduction (mobilité, nombre des spermatozoïdes réduits) la liste des effets des pesticides rapportés sur le corps humain et dans les laboratoires est longue. Ces risques sont évidemment plus violents pour les personnes directement exposées : agricultrices, agriculteurs et leurs enfants. 

Le risque de cancers infantiles augmente avec l’exposition aux pesticides, comme établi par une étude de l’INSERM de 2023 qui étudiait le lien entre cancer infantiles et proximité avec des vignobles traités par des pesticides. Le résultat est sans appel : pour chaque augmentation de 10% de la surface des vignes présentes à moins de 1000 mètres du domicile, le risque de leucémie lymphoblastique augmente de 10% chez les enfants.

S’ajoutant à leurs impacts sur la biodiversité et la santé humaine, à côté des équipements requis, les pesticides et autres intrants chimiques de l’agro-industrie coûtent cher ! Ils entraînent les agricultrices et agriculteurs dans un cercle vicieux de dettes cumulées de plus en plus importantes. Sans compter que pour conserver un certain niveau d’efficacité, la quantité et la nature des pesticides appliquées doivent sans cesse augmenter, 

En moyenne selon l’Agreste (le service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture), en 2024 l’endettement des exploitations agricoles françaises avait atteint 204 330 euros, une valeur en hausse de 1,3 % par rapport à 2020. Ces chiffres exorbitants expliquent en partie que le monde agricole soit la catégorie socio-professionnelle la plus exposée aux suicides, avec un suicide tous les deux jours en France sur une exploitation agricole.

Pour la fin des pesticides, quels qu’ils soient

Les enjeux sont clairs : aucune tolérance pour un modèle agricole destructeur de la santé humaine et de la biodiversité et exigence de mise en œuvre d’une agriculture biologique respectueuse des écosystèmes et des êtres vivants. Cela passe par le ZÉRO pesticides. L’histoire des 50 dernières années a montré que la science ne saurait garantir l’innocuité de ces poisons une fois répandus dans la nature. Des solutions alternatives existent ! L’appât du gain de quelques-uns suffirait-il à précipiter la destruction des sols, la détérioration de la santé humaine et environnementale, la destruction de la biodiversité et l’empoisonnement des consommatrices et consommateurs ? 

Il est urgent de convertir massivement l’agriculture conventionnelle en agroécologie, de lutter contre l’artificialisation des espaces agricoles et naturels, de réduire drastiquement l’usage des pesticides et de permettre la reconquête des espaces sauvages, les exemples ne manquent pas qui montrent que mesures concrètes pourraient être prises et avoir des effets rapides et notables pour enrayer le déclin du vivant.

En respect des valeurs qui nous ont toujours animés, Génération Écologie s’engage aux côtés de l’ensemble des acteurs qui se mobiliseront pour empêcher que ces poisons continuent d’être sciemment disséminés dans notre environnement. 

Nina GÉRON et Pierre RUSTIN