Publié par Génération Ecologie

Le transport public

par Eddie AIT, Secrétaire général du Pôle Radical et Ecologiste :

La densification des villes et les rythmes urbains des citadins modifient les attentes des grandes métropoles. Avec 19% de la population française, l'Île-de-France est un territoire densément peuplé dans lequel les déplacements sont très nombreux. Sur les 41 millions de déplacements par jour en Île-de-France, 20% sont assurés par les transports collectifs, soit 8,3 millions de déplacements. Le transport public joue donc un rôle déterminant et structurant sur les problématiques environnementales et sur les questions de santé publique (qualité de l'air, changement climatique, sécurité, activité physique, etc).

Par définition vertueux, le transport public est un choix pour l'environnement et constitue un investissement pour la santé. Car, vivre en ville ne signifie pas nécessairement air pollué, congestion, bruit et longs temps de transport. Les nouvelles idées qui émergent dans les transports urbains sont en train de rendre les villes plus saines et plus agréables à vivre. La montée des préoccupations environnementales et les mesures limitant l'usage individuel de l'automobile dans les villes ont renforcé l'attractivité des transports publics. Les transports publics constituent un accélérateur pour la transition écologique des territoires. Cela implique d'améliorer l'efficacité globale des réseaux de transport. La dernière enquête globale transport (EGT), réalisée en 2010, a révélé une hausse de l'usage des transports collectifs entre 2001 et 2010 (+21%). Cette évolution s'avère d'autant plus essentielle que plus de 74% de la population de l'UE vit aujourd'hui en zones urbaines et ce chiffre passera à plus de 80% d'ici 2030 (source: ONU).

Le transport public est un acteur majeur de la lutte contre le dérèglement climatique.

Il participe aux efforts globaux déployés dans le monde pour lutter contre le changement climatique et économise les ressources énergétiques. Le changement climatique est l'un des principaux défis du XXIe siècle. Les conclusions des travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) démontrent que l'intensification du dérèglement climatique due à l'activité humaine est une certitude. La transformation de nos économies et de nos sociétés pour un monde décarboné est aujourd'hui un impératif. Nous devons sortir du "Carbon adict" et optimiser la performance énergétique du transport: géothermie, microbus électrique ou au biogaz, bus hybride... Les autorités organisatrices (STIF...) doivent favoriser l'expérimentation de nouvelles solutions énergétiques.

Le transport public développe des solutions de mobilité durable, alternatives à la voiture individuelle.

La mobilité durable vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, les pollutions et les nuisances. Elle est au premier plan de la construction de la ville durable. Il y a urgence à développer des solutions de mobilité durable pour chaque territoire car 95,2% des émissions de CO2 du secteur des transports reviennent au transport routier. Les opérateurs de transport public sont à l'origine du développement de nombreuses solutions de mobilité durable. En Île-de-France, et à titre d'exemple, le réseau de tramway de la RATP, qui atteint 100km, émet seulement 3,7g de CO2 par voyageur et par kilomètre. Mais, un voyageur est aussi tour à tour un piéton, un cycliste ou un automobiliste. Il veut pouvoir passer facilement d'un mode à un autre sur l'ensemble de son parcours: métro, RER, bus, tramway, vélo, marche, autopartage, covoiturage, voiture en libre-service...

Prendre les transports publics est bien plus qu'un geste écologique. C'est aussi bon pour la santé.

La réduction du volume de circulation automobile et l'amélioration des infrastructures ou services de transport public sont génératrices de gains importants pour la santé. Le transport public contribue à rendre les villes plus respirables. Les villes concentrent autant de problèmes que de solutions en termes de santé. Elles disposent de centre de soins... mais elles génèrent de fortes nuisances: bruit, pollutions... aux effets avérés sur la santé des citadins. La pollution atmosphérique prend une part croissante dans les préoccupations de la population. La responsabilité des déplacements urbains motorisés est avérée. Sur l'impact général de la pollution en ville, l'INVS considère que l'exposition durant toute une vie à la pollution en Europe peut conduire à une diminution de l'espérance de vie d'environ 9,6 mois (5,8 mois à Paris). 6% des décès seraient dus à la pollution atmosphérique dont la moitié liés aux transports soit entre 10.000 et 20.000 suivant les études.

Le transport public participe également à la réduction des nuisances.

Le bruit provoque des troubles du sommeil, des troubles cardio- vasculaires... et il contribue à la perte d'années de vie en bonne santé. Le transport public peut-être aussi une source de nuisances sonores et vibratoires. Les problèmes liés au bruit et aux vibrations générés par les infrastructures de transport nécessitent donc une approche globale dès les phases d'études du projet.

Le transport public favorise l'activité physique.

Selon la 4e édition du baromètre Assureurs Prévention (enquête réalisée par BVA Sport et l'IRMES du 16 février au 17 mars 2015), 78 % des Français de 18 à 64 ans ont un niveau d'activité physique (7525 pas par jour en moyenne en 2015) ou sportive inférieur aux recommandations de santé publique de 10000 pas par jour. Les 18-24 ans, avec une moyenne de 6807 pas par jour en 2015 sont mêmes moins actifs que leurs aînés. Il est vrai que les pratiques d'urbanisme accordant la priorité à l'automobile en grande couronne présentent toujours un défi pour le transport public, les circulations douces et l'activité physique. Selon le même baromètre, l'utilisation du transport motorisé (voiture ou 2 roues) est un réel frein à l'activité physique puisqu'il fait chuter de 16 % le nombre de pas moyen (contre 9% pour les transports publics). Accomplir un aller-retour en transport en commun permet de faire en moyenne 2500 pas, soit le quart de l'activité physique quotidienne recommandée, selon une étude menée par l'École Polytechnique de Montréal. Selon une étude réalisée aux Etats-Unis en 2014, les personnes qui utilisent les transports en commun pour se rendre au travail font moins de surpoids et jouissent d'une meilleure santé physique que les gens qui utilisent leur voiture. En moyenne, chez l'homme, il y aurait une différence de 3,5 kilos entre les deux groupes.

Le transport public renforce la sécurité routière.

La Sécurité routière correspond à un enjeu majeur de santé publique et de protection des personnes. Pour un même déplacement, le passager d'une voiture court 20 fois plus de risque d'accident mortel que le passager d'un véhicule de transport public.

Le transport public rendrait plus heureux.

Les travailleurs qui utilisent le transport public pour se rendre au travail seraient plus satisfaits et plus détendus que les automobilistes, selon une étude britannique publiée en septembre 2014 dans la revue Preventive Medicine. Les automobilistes, quant à eux, seraient 13 % plus enclins à avoir des difficultés à se concentrer et à ressentir une pression constante. Les utilisateurs des transports en commun se disent plus heureux que les automobilistes, et cela, même si plusieurs irritants sont associés à ce mode de transport, comme les interruptions de service ou un grand achalandage dans le bus, le train ou le métro. Lire, se détendre ou socialiser dans les transports publics seraient autant de moyens pour les usagers d'augmenter leur bien-être et d'améliorer leur humeur.

Enfin, le transport public est un investissement pour la santé.

L'utilisation du transport public permet d'éviter à la collectivité des coûts financiers importants liés à la pollution. Le Rapport du 15 juillet 2015 de la Commission d'enquête sénatoriale sur le sujet est sans appel. Réduction du stress, de l'anxiété, des affections respiratoires et des accidents, tels seraient les premiers bénéfices à court terme des transports publics. Des bénéfices sont également attendus sur l'obésité et le surpoids, les pathologies cardio-vasculaires, le cancer du poumon, la santé mentale et la réduction des incapacités.

Il faut aller plus loin.

Les pistes d'actions sont multiples: sensibilisation de la population à l'abandon de la voiture au profit des transports publics, articulation de ces derniers avec des aménagements urbains favorisant la marche et le vélo, diminution du sentiment d'insécurité dans les transports, accès facilité à la tarification sociale des transports, amélioration de l'accès à l'emploi local des résidents, etc.

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