L'environnement, un futur vivier d'emplois
Présent dans plusieurs secteurs d'activité, l'environnement apparaît comme un créateur d'emplois et un générateur de productivité. C'est ce qui ressort d'une étude de France Stratégie sur les perspectives d'évolution de l'emploi à l'horizon 2022.
Mardi 28 avril, l'institution France Stratégie a publié un rapport présentant les perspectives d'emplois et de qualifications pour 2022. Il dessine les grandes évolutions "qui contribueront à façonner l'emploi et le marché du travail dans les années à venir". Sur demande du Premier ministre, auquel l'organisme est rattaché, cette étude a été effectuée en collaboration avec le Commissariat général du Plan et la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares).
Les chiffres varient selon les scénarios envisagés. Le scénario "central" correspond à une hypothèse intermédiaire dans laquelle "la trajectoire de productivité n'est ni dégradée ni [semblable] à sa tendance d'avant-crise". Dans le scénario "de crise", le potentiel de croissance français est "plus sérieusement entamé", explique France Stratégie.
Quant au scénario "cible", de retour à la tendance d'avant-crise, il envisage un "rebond" de la productivité de l'économie française. Cette troisième hypothèse, optimiste, est plus propice aux avancées technologiques et à l'investissement, "favorisant une consommation «durable» et une meilleure prise en compte des questions environnementales". L'occasion d'apprécier la place future de l'environnement dans les différents secteurs d'activité.
L'environnement au service de la productivité
Pour retrouver la tendance d'avant-crise, les auteurs du rapport misent sur une forte innovation, une meilleure articulation industrie-services, ainsi qu'une modification des comportements de production et de consommation. Notamment en faveur de l'environnement, comme l'illustrent plusieurs secteurs.
Dans le domaine R&D, France Stratégie considère qu'une évolution technologique stimulée par l'innovation dans les domaines de pointe, pouvant notamment avoir des applications dans le domaine environnemental, conduirait à l'augmentation de l'intensité du secteur R&D entre 2014 et 2030.
L'organisme relève par ailleurs que le "verdissement" des préférences des consommateurs traduirait une "normalisation accrue en faveur de l'environnement" et, ajoute-t-il, "une accentuation des préférences en faveur [de deux secteurs] : la santé et l'éducation". Selon le rapport, le bilan positif de la transition écologique serait "favorisé par l'éclosion d'une demande plus affirmée des ménages" pour des produits et services plus respectueux de l'environnement.
L'impact positif de l'environnement sur l'emploi
Dans le domaine des industries de process, les questions de sécurité, de qualité, tout comme celles liées au développement durable et à l'environnement devraient, pour les prochaines années, être plus présentes. Ce qui devrait jouer "en faveur des métiers qualifiés", explique l'organisme. Mais les emplois moins qualifiés sur les lignes de production, "très présents dans l'industrie agro-alimentaire, devraient se maintenir". Selon le scénario central, l'ensemble des métiers industries de process "pourrait gagner 7.000 emplois sur la période 2012-2020", précise France Stratégie. Le rapport prévoit par ailleurs une montée des qualifications dans l'ensemble de ces métiers. La cause ? Les transformations dans la chimie, la plasturgie, la pharmacie ou l'agro-alimentaire, "avec des exigences accrues en matière de qualité des produits, d'hygiène, de sécurité ou d'environnement".
Autre secteur : le bâtiment et les travaux publics (BTP). Selon France Stratégie, "les exigences environnementales qui imposent un renouvellement et une amélioration de la qualité" contribueront à la croissance de l'emploi dans la construction et les secteurs qui y sont associés (gestion et promotion immobilières). Les nouvelles réglementations, les innovations technologiques et l'utilisation de nouveaux matériaux représenteraient une "montée des qualifications requises dans les différents métiers du BTP". Le rapport précise que les architectes, les couvreurs ou électriciens, ainsi que les professionnels du bâtiment, devraient être amenés à développer et "adapter leurs compétences pour répondre aux nouvelles exigences environnementales".
Dans le domaine de la maintenance et de la réparation automobile, le scénario positif conduit les techniciens de la maintenance et de l'environnement à bénéficier d'une dynamique d'emploi "favorable". Ce qui, ajoute le rapport, renforcerait leur présence dans "la plupart des secteurs d'activité". D'après le scénario central, "42.000 emplois supplémentaires d'agents de maîtrise et de techniciens de la maintenance ou de l'environnement pourraient être créés sur la période 2012-2022". Le nombre de techniciens spécialisés dans la protection de l'environnement, l'assainissement et le traitement des pollutions "devrait également poursuivre sa progression", selon les auteurs du rapport.
Anne-Sophie Luchez