Devenons-nous idiots ?
Deux études récentes pointent la baisse généralisée du QI, le quotient intellectuel des occidentaux.
Un avertissement s’impose sur la validité des mesures du quotient intellectuel. Son inventeur, un certain Binet, interrogé sur son fameux test, disait : le test mesure l’intelligence. Et lorsqu’on lui demandait : qu’est l’intelligence ?, il répondait : c’est ce que mesure le test ! Une tautologie qui vaut son pesant d’interrogations. Il faut donc raison garder et prendre cet indicateur pour ce qu’il vaut à savoir un simple indicateur.
Il n’en reste pas moins que, si l’on peut critiquer les chiffres, la tendance est nette et elle est à la baisse.
Le score moyen des occidentaux a été fixé à 100. Au- dessus, on est plus intelligent que la moyenne et, en- dessous de 100, moins intelligent que cette moyenne. Les dernières études (1) montrent une tendance à la baisse dans l’ensemble des pays occidentaux. Le QI du Français moyen avait été précédemment mesuré à 102. Le tout dernier pointage montre en 15 ans une baisse de 4 points soit un QI moyen de 98. La chute est plus brutale encore pour les Anglais avec une chute de 14 points entre 1999 et 2013.
Au hit parade des meilleurs scores, on note Hong Kong (108), la Corée du Sud, (106), le Japon(105), la Chine (105). Les lanternes rouges sont : le Portugal(95), la Grèce (92), l’Irlande (92).
Comment expliquer cette baisse généralisée en occident ?
La piste des évolutions de la société.
On a d’abord cherché du côté de l’enseignement. La conclusion est sans appel : le système éducatif ne peut être tenu pour responsable. En effet les pays concernés restent en bonne position dans les classements mondiaux notamment le classement PISA.
Une étude génétique islandaise avance l’hypothèse suivante : dans les groupes à quotient intellectuel élevé, la propension à avoir des enfants serait moindre et entraînerait une sous- représentation du groupe dans l’ensemble ce qui ferait baisser la moyenne.
Incriminé aussi le temps passé par les enfants devant leurs écrans, tablettes, télévision etc. On en a peu parlé mais le CSA a alerté sur les effets de la télévision chez les jeunes enfants de moins de 3 ans. Elle entraînerait des retards de développement ainsi que des troubles de l’attention. Autant de facteurs qui se répercuteraient sur les fonctions cognitives, parmi celles-ci, l’intelligence.
Les chercheurs dénoncent aussi la banalisation de l’usage du cannabis chez les jeunes. Une consommation régulière et/ou excessive provoquerait une baisse du quotient intellectuel des individus observés.
La piste environnementale.
Coupables présumés, les perturbateurs endocriniens sont suspectés d’altérer les performances intellectuelles des jeunes générations.
La neurophysiologiste Barbara Demeneix (2) met en cause de nombreuses molécules inventées par la chimie qui perturberaient le système endocrinien. Certaines sont suspectées de favoriser les malformations génitales et de contribuer à la baisse de la fertilité humaine. La neurophysiologiste avance l’hypothèse d’une perturbation du métabolisme de l’iode. On sait en effet qu’une carence de cet élément soit pendant la grossesse soit pendant le développement de l’enfant entraîne des troubles de l’attention, une hyperactivité voire un retard mental. On sait aussi depuis des lustres que le déficit en iode provoquait le crétinisme dans des régions parfois très éloignées de la mer où cet élément était peu présent dans l’alimentation ou dans l’air que l’on respire. Or, ces perturbateurs endocriniens se trouvent dans tous les objets du quotidien. Qu’il s’agisse des cosmétiques mais aussi des aliments, de l’eau que nous buvons et de nombreux objets qui contiennent des plastiques comme la télé ou nos ordinateurs. En fait ils sont partout. Les produits incriminés, les pesticides, les bisphénols, les phtalates contiennent du fluor, du brome ou encore du chlore. Ils trompent l’organisme qui les confond avec les hormones thyroïdiennes.
En guise de conclusion :
Les causes du recul de l’intelligence des populations sont probablement multiples. Les liens de cause à effet sont très difficiles à établir. Certains industriels peu scrupuleux s’appuient sur cette difficulté pour ignorer les avertissements.
En revanche, nous pouvons agir sur certaines de ces causes :
- limiter l’usage des écrans chez de très (trop) jeunes enfants
- mettre la jeunesse en garde contre la banalisation de l’usage du cannabis. Certains individus s’avérant plus sensibles que d’autres, le risque est toujours présent.
- éviter autant que faire se peut les emballages plastiques et préférer les récipients en verre.
- pour les cosmétiques, il convient de s’interroger sur leur nécessité ou non. Bourrés de colorants et de conservateurs, ils sont à l’origine de nombreuses allergies. C’est un signal salutaire. Certains colorants pour cheveux contiennent du benzène voire même du toluène clairement cancérigène. C’est déjà moins évident. Les perturbateurs endocriniens pour leur part ne provoquent aucun symptôme immédiat. La pollution est invisible. À moins d’être chimiste, il est impossible de les détecter. Le mieux est d’utiliser le moins de produits cosmétiques possibles. Préférer les formules courtes. Quant aux produits bios ils n’offrent pas nécessairement plus de garanties que les autres.
Enfin, on attendrait des pouvoirs publics qu’ils se saisissent de ces questions et prennent enfin les mesures qui s’imposent avant les scandales sanitaires annoncés.
(1) L’étude a été conduite par deux chercheurs. Le professeur Richard Lynn, Université d'Ulster, Irlande du Nord, et le professeur Tatu Vanhanen, Université de Tampere, Finlande.
(2) Barbara Demeneix. Le Cerveau endommagé. Odile Jacob, Paris, 2017.