La toxicité et la chimie : la situation actuelle.
Actuellement la chimie met en œuvre des composés dont la toxicité est souvent démontrée mais...contestée par d’autres chercheurs. Cette situation ambigüe contribue à retarder les décisions politiques dans ces domaines. Quoi qu’il en soit, lorsqu’une molécule ou un matériau est mis en doute, le citoyen devient méfiant et ceci même s’il est peu ou pas informé. Il évite alors l’utilisation du produit.
Cette prise de conscience du grand public est encore assez faible mais la méfiance ne cesse d’augmenter depuis quelques années. En conséquence, les industriels et les chercheurs essaient de proposer des alternatives en produisant des molécules nouvelles qui ne sont pas encore suspectées. Il faut être conscient que cette attitude n’est pas en soi une vraie solution tant que ces nouvelles molécules n’ont pas été biologiquement testées. Or ces études coûtent cher- plusieurs centaines de milliers d’euros- elles sont également longues. Du coup, cette étape est souvent boycottée et l’on propose d’autres molécules de remplacement tout aussi toxiques que les précédentes. Je peux citer comme exemple la substitution du bisphénol. A par le bisphénol S, tout aussi dangereux. Dans d’autres cas, on se retranche devant l’absence de substituts disponibles et l’on continue l’utilisation des molécules toxiques. C’est le cas du glyphosate ou round up. Alors, souvent on propose des produits issus de la biomasse car ils bénéficient d’une forme d’impunité qui donne confiance. Cela est parfaitement faux et les exemples sont extrêmement nombreux aussi bien en chimie organique que minérale de produits naturels très toxiques. Pour en revenir à la chimie, la liste des produits avérés toxiques devient longue et les polémiques incessantes. Je peux citer le formol et le phénol (présents dans le mobilier), les parabens (présents dans les cosmétiques), les phtalates (dans les jouets) les dérivés oxyéthylènes (dans les peintures), le bisphénol A (dans les emballages), les polyuréthanes (dans l’isolation), les stannates (dans les peintures marines) etc. Mais aussi dans la chimie minérale, je citerai les nanoparticules (dans l’alimentation) ainsi que l’amiante par exemple. En plus, et c’est la cerise sur le gâteau, la régulation européenne, la directive REACH qui encadre la mise sur le marché des molécules nouvelles, demande que toute molécule nouvelle fasse l’objet de tests avant d’être enregistrée. Si cela reste une bonne chose, cette procédure n’exclut pas les anciennes molécules reconnues toxiques et, d’une autre part, constitue un énorme frein pour la recherche et l’innovation. En effet, l’industrie préfère rester sur des molécules ou produits chimiques actuels plutôt que se lancer dans l’aventure d’en trouver de nouvelles à l’issue d’une recherche à la fois coûteuse et longue et un enregistrement tout aussi voire même plus cher. Les exemples sont nombreux mais trop techniques pour être développés ici. J’ajouterai enfin qu’avec la mondialisation, les multinationales de la chimie se sont regroupées et sont devenues extrêmement puissantes au point d’exercer un lobbying énorme auprès des administrations régulatrices en faisant du chantage à l’emploi ou pire en finançant des contre études de toxicité.
À mon sens, la seule solution serait d’ouvrir la recherche sur les deux plans de la préparation de molécules et/ou des matériaux correspondants d’une part et l’étude de leur toxicité d’une autre part et ceci avant de décider de leurs utilisations industrielles. Pour l’heure cela reste un vœu pieux et je pense que seule une mobilisation de l’opinion publique pourrait faire évoluer les choses.